Depuis notre émission spéciale Anniversaire du 29 février 2024, présentant la validation du S et notamment un "faux" costume pour David Corenswet/Superman, Captain Morpheus, rédacteur en chef de Planet Superman, était en live le 10 mars 2024 sur sa chaine YouTube Geekology Comics ainsi que sur Beyond Geekology pour une nouvelle émission Legacy Show.
En complément de quelques discussions sur Superman, de réponses à vos questions et d'informations sur les Chroniques de Kaandör, Captain Morpheus vous proposait une émission orientée pédagogie, un retour sur les bancs de l'école de Krypton pour aborder le costume de Superman à travers les âges !
Quelle pourrait être l'inspiration de James Gunn pour le prochain film ?
Si vous n'aviez pas vu cette émission et même si vous souhaitez la revoir, cet article est fait pour vous.
C'est parti !
Le costume de Superman : hommage à Akira Toriyama
Dans le cadre de cette émission, le Captain ouvrait son propos sur le costume de Superman en rendant hommage à l'illustre mangaka décédé le 1er mars 2024, Akira Toriyama (1955-2024).
Ce grand fan de Superman est entré dans la pop culture et l'essence de Superman avait énormément influencé l'artiste et bien d'autres.
On retrouvait l'inspiration Superman de façon directe chez Toriyama dès 1979 avec la création de son personnage Suppaman (ou Sourman), un super-héros de la planète Okakaume-boshi, venu sur Terre pour servir de protecteur. Pour devenir Suppaman, il entre dans une cabine téléphonique et en mange des prunes. Ce héros ridicule est une parodie de Superman.
Il apparaissait pour la première fois dans le one-shot Tomato, Girl Detective (1979) du mangaka, On le voyait non déguisé, dans la peau de sa double-dentité, le reporter du Penguin News Networks, Kenta Kuraaku. Tout cela rappelait évidemment Clark Kent et L'homme d'acier !
Souhaité par son créateur comme le personnage principal avant de créer Dr. Slump (1980-1984), il avait été à l'époque rejeté par l'éditeur pas vraiment convaincu. Le personnage de Sourman fera quelques caméos dans les œuvres suivantes de l'univers de Dragon Ball.
Son San Goku, ce bébé arrivé sur la planète dans une capsule et qui sauvera la Terre tout au long de ses aventures, est encore une fois une référence directe au lore de Superman. Un personnage du tournoi de Dragon Ball avait également cette ressemblance avec Sourman/Suppaman.
Le costume de Superman à travers les âges
Captain Morpheus vous présentait une courte présentation des différents costumes de Superman à travers les âges. Jusqu'alors James Gunn a fait un quasi sans-faute en termes de communication et de mise en avant des attributs et du lore de Superman, il reste le costume à découvrir.
Un peu d'inquiétude peut nous traverser l'esprit parce que la seule chose que le réalisateur n'a pas mis en avant jusqu'à présent était le Superman du New 52, un Superman dont le costume est avec un col et qui représente surtout une baisse supplémentaire des pouvoirs de Superman dans la mesure où maintenant Superman aurait besoin d'une armure pour être à l'épreuve des balles (bulletproof). Or ce n'est pas possible !
Si l'on se concentre sur le costume, il est traditionnellement rouge et bleu, avec un peu de jaune, et se compose d'un costume moulant et d'une cape. Dans la plupart des cas, le costume de Superman comporte les éléments suivants : un col ouvert, pas de gants, le torse et les jambes bleus, une cape attachée au bord de la partie supérieure du costume, le logo de la lettre S incrusté dans un bouclier en forme de diamant sur fond jaune sur la poitrine.
On a des sous-vêtements rouges (ou une pièce en forme de short dans la partie inférieure du tronc, soit le fameux débat des "trunks"), généralement attachés à une ceinture jaune à boucle ronde et de longues bottes rouges avec un bord supérieur en forme de V ( ou de M, selon le pont de vue), dont la tige est généralement plus haute que la partie inférieure du mollet à l'avant, mais plus basse ou couvrant un peu le bord du mollet à l'arrière. Une bande jaune peut parfois faire le rappel de la couleur de la ceinture sur le bord supérieur des bottes.
Parfois, le matériau de chaque élément passe d'une couleur unie à un aspect plus métallique, satiné ou velouté. Les éléments du dessin sont parfois tridimensionnels (3D), parfois simplement peints sur une base moulante.
ici, il s'agit d'observer directement les différences et Captain Morpheus s'est aidé d'un visuel réalisé par Alexandre Séquard. Pour rappel, cette revue des différents costumes est à mettre en parallèle avec l'évolution du logo de Superman abordé durant l'émission 8 du Legacy Show.
Début du Golden Age (1938)
En 1938 et avec l'Action Comics #1, la version initiale du costume de Superman montre un personnage qui avait des bottes qui ressemblaient un peu à des bottes de spartiates, avec des espèces d'ouverture sur les côtés. Ce n'était pas vraiment beau. On a le costume avec le logo héraldique. Il n'y a pas de serif. On a un S de base.
Entre 1938 et 1940, voire jusqu'en 1941, il y a beaucoup de versions : le costume évolue très vite, avec des petites modifications qui apparaissent, qui s'en vont, qui reviennent.
Durant cette période, le S évolue énormément au sein d'un triangle ou d'un diamant différent, les couleurs changent (celle du fond, du S lui-même, comme du contour), les bottes évoluent avec des lacets ou non et avec des hauteurs différentes, le costume comprend également des culottes plus prononcées.
L'artiste met notamment en évidence le Superman de 1940 doté du S sur fond noir qu'on va retrouver en haut à gauche des Action Comics et représentait Superman, mais aussi sur la couverture du Superman #4 de 1940 selon les éditions.
Ensuite, Captain Morpheus s'interrogeait sur une version du costume 1940, vue selon lui au théâtre. Après recherche, on retrouve ce costume pour une première apparition en chair et en os du héros, costumée, à New York pour la promotion menée par le publicitaire Allen "Duke" Ducovny des ventes des Comics de DC, une édition spéciale de 100 pages vendue exclusivement lors de l'exposition universelle (World's Fair) de New York entre le 30 avril 1939 et le 27 octobre 1940. L'homme en costume serait Ray Middleton durant un Superman Day généralement daté en 1939 selon le journaliste Allan Asherman, mais qui s'avérait être le 3 juillet 1940. Middleton était alors inconnu et on l'a retrouvé plus tard. Quoiqu'il en soit, on retrouve pour ce costume le S emblématique sur fond noir, surplombé de la mention Superman, avec des bottes à lacets ainsi que la cape attachée au bord du cou. Si ces bottes sont très "drôles", James Gunn ne s'inspirera sans doute pas de cela.
Le numéro 7 de Superman (octobre 1940) montre un Superman avec un bouclier non pas triangulaire mais davantage en diamant, forme qui sera la référence à partir de 1941. On aura selon les numéros un contour rouge ou jaune. Les bottes ne sont plus à lacets. On notera plutôt des bottines, montant au niveau des mollets comme pour le Superman de Tyler Hoechlin dont les bottes sont beaucoup plus basses. Les bottes de Superman sont généralement hautes et s'arrêtent en bas du genou. Enfin, les textures peuvent laisser penser à du pyjama, ce qui n'était pas terrible.
En basculant progressivement du Golden Age vers le Silver Age, on va retrouver un S Shield différent quand le multivers va commencer. Il y aura alors le Superman de Terre 1 et le Superman de Terre 2. Pour les distinguer, on a un diamant sans la pointe du bas et le S de Cavill à l'intérieur. Une peinture réalisée par H. J. Ward, un célèbre illustrateur de pulps qui avait réalisé plusieurs couvertures pour des magazines, va être tout à fait intéressante dans l'histoire supermanesque.
Lorsque l'artiste fut engagé pour peindre le personnage vedette d'Harry Donenfeld, il a disposé d'une grande marge de manœuvre vis-à-vis des dessins de Joe Shuster. Il réalise une peinture massive (60 x 45 pouces soit 1.5 m x 1.14 m) livrée à Donenfeld en juin 1940 et accrochée derrière son bureau. Comme le rapporte ScreenRant en janvier 2022, la peinture fut à l'époque photographiée et présentait un Superman assez costaud, cape semi-courte, ceinture, et avec le S dans un triangle tel le logo de fin 1939, avec l'empattement ayant migré dans le coin supérieur droit et l'inférieur placé en bas de bouclier.
Cette photographie a plus ou moins disparu...
Le tableau devait être utilisé pour promouvoir l'émission de radio des aventures de Superman, cependant la donne changea avec la volonté de DC de poursuivre les concurrents tentés de copier le super-héros (comme le procès Captain Marvel et Fawcet Publications). Afin d'éviter tout souci en termes de droits d'auteur, Joe Szokoli fut engagé pour réaliser des modifications qui seront les références à ce jour. Pour mieux asseoir leur position dans les costumes qu'ils lançaient, il fallait uniformiser l'apparence de Superman, éliminer toute "preuve contradictoire" et réviser tout détail de conception qui pouvait être utilisé lors de ces procès.
Par conséquent, on trouve un logo modifié et le visage du héros largement remanié :
Un S plus large sur la poitrine dans un bouclier à six côtés, les pointes étant comme "brisées".
Le S comporte un grand empattement supérieur et le serif est penché et stylisé. Il servira de référence au symbole de 2013 et le S de L'homme d'acier Henry Cavill.
Le bouclier est avec un fond jaune et un contour rouge.
Le visage de Superman est modifié : nez altéré, yeux et sourcils plus fins, pommettes ajustées, les lèvres et le sourire sont différents tout comme le menton plus carré à la Superman.
Enfin, on y trouve la fameuse boucle de cheveux du bon côté.
etc.
Le costume au cinéma des années 40 à 60
En 1941, à l'occasion des débuts de Superman sur le grand écran avec les studios Fleischer (1941), le héros a un costume sur lequel on voit une forme de S singulière, avec le bouclier assez large, semblable à l'emblème de 1940, mais en reprenant les couleurs de l'insigne noir de 1939. On retrouvera ce costume dans la série Superman et Lois comme un flashback.
En 1944, on commence à entrer petit à petit dans le Silver Age avec un S à l'empattement droit, en haut, et celui du bas qui se cherche entre arrondi et droit (cf. Superman #26 de février 1944). En 1948, on a le costume de Kirk Alyn qui est la première personne à avoir représenté Superman dans une série au cinéma et qui est passé à la télévision par la suite, mais avant il fallait le voir au cinéma. Son costume en textile de l'époque par la Western Costume à Hollywood était souple et peu serré. Il était composé d'un body en laine grise avec le S, d'un short en laine marron moulant, d'une courte cape en feutre marron clair, et de bottes en cuir (qui avaient des lacets, contrairement aux bandes dessinées). Le costume d'Alyn n'était donc pas en rouge bleu et jaune afin de mieux le distinguer sur le fond de décor sur la pellicule noir et blanc. Cette palette de couleurs s'est répétée quelques années plus tard, lorsque George Reeves a incarné le personnage dans la série télévisée très populaire. Les manches d'Alyn étaient également côtelées aux poignets, ce qui donnait à son costume un air "douillet". A noter que le personnage de la planche de Séquard est en gris, parce que le film des Aventures de Superman de 1948 avec Kirk Alyn était en noir et blanc, avant une colorisation ultérieure.
D'ailleurs, vous pouvez trouver une vidéo de Superman Homepage sur ce costume !
On arrive à 1950 avec le Superman dessiné par Wayne Boring (Action Comics #151, décembre 1950) qui précède la période de Curt Swan et d'Otto Binder. On peut alors être interpellé par différentes caractéristiques : on voit apparaître le S en jaune sur la cape, mais aussi une autre particularité typique du Superman du Silver Age à savoir que la cape est beaucoup plus courte. On constate aussi que le trunk a vraiment "baissé". On a en 1950 un "brief" (un slip) et pas les "trunks" (moitié caleçon) assez développés du Superman de George Reeves en 1952, en règle générale connu, comme déjà celui d'Alyn en 1948.
Le costume de Reeves était également de laine et de couleurs sourdes pour le tournage en noir et blanc, mais avec quelques améliorations : un matériau de laine plus serré ; une tunique haute taille, un body en deux pièces avec un "trunks" rouge, la ceinture jaune et la cape ; des bottes rouges qui se ferment sur l'arrière dont une impression plus super-héroïque et moins lutteur. Le S est était composé de motifs séparés placés les uns sur les autres et cousus ensemble. Une couche interieure formée d'un t-shirt avec des éléments en caoutchouc donnait une apparence plus musclée. Le costume évoluera en 1954 en bleu, rouge et jaune avec le passage à la couleur. D'ailleurs, vous pouvez trouver une autre vidéo de Superman Homepage sur ce costume !
Vers la référence du costume
En 1962, on est sur le Superman du comics selon Curt Swan qui a pris la main avec Otto Binder.
Le costume associé est le costume qui va suivre Superman quasiment jusqu'à aujourd'hui avec la touche finale : le Superman de 1962 est une évolution du Superman de 1950 et amène la concrétisation en 1966 du Superman de la série animée The New Adventures Of Superman (1966 à 1970), le Superman de Neal Adams (Action Comics #356 et suivants, à partir de 1967), le Superman des studios Hanna Barbera (SuperFriends, 1973), avant celui de 1978 au cinéma avec Christopher Reeve.
En 1966, se tenait aussi une comédie musicale à Broadway intitulée It's a Bird...It's a Plane...It's Superman avec dans le rôle du Dernier Fils de Krypton l'acteur Bob Holiday (cf. la vidéo de Superman Homepage sur ce costume), avant que cette comédie ne soit reprise dans une série en 1975 avec David Wilson et dans un retour du spectacle en 2010 à Dallas avec Matt Cavenaugh.
Le costume du Superman/Reeve au cinéma devait relever le défi de rendre séduisant et crédible un costume banal et répondant aux règles strictes du comics. La costumière Yvonne Blake a conçu un costume en tissu allemand souple et absorbant la sueur, fabriqué à Londres par Bermans & Nathans. Il était composé d'un haut avec le S cousant les pièces rouges et jaunes ensemble directement, d'un bas, d'un caleçon/short (trunks), de la ceinture, de bottes rouges et de la cape longue avec le symbole.. Celle-ci était attachée par un double système à l'arrière et sous les aisselles pour ne pas tomber tout en donnant l'illusion d'être juste rentrée en haut sous le body. Le pantalon et le short ne devaient pas donner l'allure d'une "danseuse du ventre" (disait Blake en 2013). Les bosses étaient évitées grâce au port d'un plastron en plastique de boxeur. La costumière a essayé de faire en sorte que le costume paraisse "le plus homogène possible", en cachant fermetures et coutures. Les bottes étaient fermées à l'arrière avec du velcro.
Ce costume va ensuite entériner la version du costume qui aujourd'hui est toujours la même.
Le point de distinction pour reconnaître le Superman à partir de ce moment-là, c'est la taille du S et le serif du S. On a les bottes plus hautes. On a la cape plus longue pour répondre à l'apparition de Shazam qui avait une cape courte. D'ailleurs, pour ceux qui ne le savaient pas, Elvis Presley faisait ses costumes en s'inspirant de Shazam (Captain Marvel à son époque) qui avait des capes courtes.
Après 1978, et surtout quand on commence à entrer dans l'âge de bronze à partir de 1981-1982-1983, on a sensiblement le même costume. Pour le Superman de John Byrne en 1986, on voit la taille du S, avec le serif en V qui part bien en diagonal. En 1988, c'est encore un dessin animé Superman (le Ruby Spears Superman Cartoon, 1988) qui, sous la direction de Marv Wolfman et les crayons de Gil Kane, se place dans la continuité forte de John Byrne et des films Superman avec Reeve. Idem pour la série Superboy (The Adventures of Superboy) des producteurs Salkind de 1988 à 1992 avec John Haymes Newton puis Gerard Christopher.
Les années 1990 et 2000
1993 marque l'entrée dans l'événement de l'équipe de Dan Jurgens, "La mort de Superman" et la partie du Reign of Supermen. Cependant, cette année est en réalité complexe avec trois costumes illustrant un grand écart : de l'alternative ou du classicisme ?
Le "black costume" avec le grand S énorme métallique sur la poitrine de Superman. Nous sommes dans la continuité de l'événement La mort de Superman au moment de sa résurrection.
Ensuite, on trouve le costume tout en élasthanne (lycra) du Superman de Dean Cain dans la série Lois et Clark : les nouvelles aventures de Superman.
Enfin, on trouve le retour du costume d'un Superman avec... le mulet, dans Adventures of Superman #505 (octobre 1993, avec Tom Grummett au crayon).
Si on s'arrête quelques instants sur le costume de Dean Cain, on retrouve les éléments-clés et les couleurs classiques avec des changements. Le matériau permettait de dépasser les costumes précédents faits en laine ou les justaucorps pour disposer d'un costume sans plis ni tâches de sueur. Il nécessitait par conséquent un acteur en pleine forme et l'ancien footballeur américain était l'homme de la situation. De plus, cela présentait des nuances de bleu et de rouge très vives plus conformes à l'objectif de présenter une version de Superman plus romantique. La cape était très longue et lourde. Les bottes ont un V en pointe au lieu du V inversé précédent. Enfin, la coupe de cheveux au gel des années 90 a mis de côté la célèbre boucle supermanesque... Par ces quelques changements, le classique a été aménagé une fois encore.
On va naviguer durant les années suivantes sur cette interrogation.
En 1996, le costume de Superman dans la série de Bruce Timm, Superman: The Animated Series, marque le retour de la cape semi-courte. La version de 1997 de Dan Jurgens propose une alternative avec le Superman bleu électrique (Superman #123), avant que l'on ne reparte dès l'année suivante sur un costume de Superman plus classique, avec des versions différentes entre celle de Stuart Immonen et Anthony Williams (Action Comics #745, 1998) et celle de Superman: Paix sur Terre d'Alex Ross (1998) avant la version bodybuildée d'Ed McGuinness (Superman #154, 2000).