Quand on pense à l'ensemble des œuvres comics présentant Superman, Kingdom Come est une référence indiscutable pour tous les fans de L'homme d'acier portée par le duo formé par Mark Waid à l'écriture et Alex Ross au dessin en 1996. Les dessins sont de véritables œuvres d'art au service d'une histoire passionnante et forte qui a marqué des générations d'artistes et de lecteurs.
L'héritage sera transmis dans un documentaire pour l'automne 2024.
The Legend of Kingdom Come
Kingdom Come, roman graphique (graphic novel) en 4 tomes publiée en 1996, est une œuvre si légendaire qu'un documentaire sur sa création et sa conception a été annoncé le 2 juillet 2024 par le maître :
THE LEGEND OF KINGDOM COME Un long métrage documentaire à venir à l'automne 2024 sur Kickstarter ! Inscrivez-vous et soyez le premier à savoir quand nous lançons : https://kck.st/3W5tHmt
L'œuvre figure parmi les meilleurs romans graphiques de tous les temps à l'instar d'un Watchmen d'Alan Moore et Dave Gibbons en 1986-1987. Le long métrage est donc intitulé The Legend of Kingdom Come (La Légende de Kingdom Come). Il est produit par Comic Book Pros en association avec Mercury Comics et RA Imaging, sous la charge de Sal Abbinanti, et réalisé et édité par Remsy Atassi. Il devrait arriver pour l'automne 2024 une fois lancé sur Kickstarter.
Le documentaire contiendra naturellement des interviews approfondies et inédites d'Alex Ross et Mark Waid (Batman Superman World's Finest, Superman: Birthright...), mais aussi d'artistes et de scénaristes : Todd McFarlane (The Amazing Spiderman, il est aussi le créateur de Spawn), Bill Sienkiewicz (La Mort de Superman), Amanda Conner (Superman: Lois Lane), Paul Dini (Superman: Paix sur Terre et Batman: The Animated Series), Brian Pulido (Lady Death), Julie Benson (Batman, Birds of Prey), Shawna Benson (Birds of Prey) en font partie pour nous expliquer l'impact et l'influence que Kingdom Come a eu auprès d'eux et des autres artistes.
Un panel à San Diego
Rappelons que l'artiste était présent au San Diego Comic Con 2024 (SDCC) où Superman a brillé. Alex Ross avait un stand au sein de la convention où l'on pouvait voir de nombreuses œuvres. Mark Waid quant à lui assurait la présentation avec Mike Roe de The Wrap lors d'un panel en compagnie de Sal Abbinanti, Remsy Atassi, Julie Benson et de Shawna Benson.
Lors de ce panel, l'origine de cette création emblématique et quasi symbiotique nous est présentée par le scénariste Mark Waid lui-même. Il nous raconte la première rencontre qu'il a eu avec Alex Ross, un artiste fan de DC qui depuis tout jeune dessinait beaucoup, notamment Superman et Batman, et avait une vision très large : dans le futur, Superman avait pris sa retraite, de jeunes héros avaient alors la place, mais le monde était plutôt mal parti. Après son départ de Marvel pour DC Comics, Ross avait besoin de quelqu'un qui connaissait très bien l'univers DC et parfaitement les personnages. On l'orientait alors vers Mark Waid avec lequel un déjeuner est organisé. Après bien des discussions pour entendre le projet et les idées, Waid a pris un moment pour s'approprier visuellement l'histoire et pleinement envisager de participer pour la scénariser. Après cette étape-clé, ils ont commencé à travailler plus avant, à échanger puis scénariser et dessiner.
Remsy Atassi a interviewé une trentaine de personnes pour le film. Ils ont utilisé la masse considérable de croquis et dessins de l'artiste, des milliers d'images et de photos de référence de l'époque. L'artiste de Marvel était connu pour les Marvels (1994 avec Kurt Busiek), mais il allait devenir avec Mark Waid "les gars de Superman". L'œuvre va définir, selon le réalisateur, le personnage "comme une sorte de mythe" avec une place forte dans la culture américaine et mondiale. Le documentaire traitera de l'impact culturel "parce que c'est un point de référence important pour Alex et un point de référence pour presque tout son travail et évidemment, c'est vraiment très important pour [nous] aussi".
Interviewé par The Wrap en marge du panel, Alex Ross évoquait son travail sur Kingdom Come avec Mark Waid en disant qu'il avait "fai[t] exactement ce [qu'il aimait. Il y a] mis beaucoup de [lui]-même et des gens de [s]a vie". En effet, ses amis et proches servaient souvent de modèles et posaient pour ses créations.
C'est notamment le cas de Sal Abbinanti qui l'explique dans la suite de la présentation. Ross voulait qu'il soit son modèle pour Captain Marvel. Après diverses péripéties, il était venu dans son appartement où l'artiste vivait tel un "prisonnier" ou un ermite et travaillait. Là, il a pu voir à sa grande surprise les mises en page extrêmement détaillées, la narration, la façon dont cela bougeait, l'éclairage, jusqu'aux plis des tissus. Ils ont commencé alors à prendre des photos et, pour lui de toute évidence, Ross dirigeait tout cela comme un film.
Un aspect cinématographique, une expressivité et une certaine fluidité caractérisent Kingdom Come en se fondant notamment sur la réalité des humains. L'œuvre est intemporelle et reste pertinente au fil des années, car porte également un message fort, répété par Mark Waid, avec une moralité supérieure :
[...] Je pense que c'est juste ce que j'aime toujours faire, c'est-à-dire commencer par le cœur du personnage. Vous pouvez commencer par les méchants, vous pouvez commencer par la grande action, vous pouvez commencer par tous ces trucs, si vous voulez et peut-être que vous pouvez en faire une bonne histoire, mais j'ai l'impression que ce qui compte vraiment, c'est le cœur des personnages. Et la chose la plus difficile pour moi dans cette histoire, je m'en souviendrai toujours, c'est l'idée que pour que l'histoire fonctionne, Superman doit avoir pris sa retraite. Alex et moi avons discuté de cette question pendant des jours, parce que je n'arrivais pas à comprendre pourquoi Superman, mon héros préféré, aurait pu dire « j'arrête », parce qu'il n'arrête jamais, et ce n'est que lorsque j'ai présenté l'idée de Magog à Alex et l'idée qu'il y avait un héros, que c'est en quelque sorte le monde dans lequel nous avons évolué. C'est un monde qui accepte les personnages qui tuent contre les personnages qui ne tueront pas et qui les considère comme démodés et dépassés et c'est la seule chose qui peut faire dire à Superman : « Je n'ai pas ma place dans ce monde. Si vous acceptez les tueurs, je n'ai pas ma place dans ce monde ».
Telle une œuvre d'art, le documentaire sur lequel ils travaillent depuis trois ans veut mettre en avant l'aspect artistique en plus du concept, notamment à une époque où l'intelligence artificielle est utilisée dans bien des domaines. Cet ovni artistique est unique et ce documentaire portera cette singularité.
Le concept du documentaire et différents visuels ont été présentés à travers un extrait. Intéressant !
L'influence sur le film Superman(: Legacy)
Lorsque les premières images autour du futur Superman de James Gunn ont commencé à circuler avec le S de Kingdom Come, des fans ont émis différentes hypothèses. On a pu se prendre à rêver d'une adaptation pour les uns voire plutôt la craindre pour les autres, si Gunn devait se lancer dans un tel projet, tant l'œuvre est iconique.
Et naturellement la question de l'utilisation de l'emblème par Gunn est posée durant la présentation au SDCC :
Mike Roe : Je sais que le logo de Kingdom Come Superman a beaucoup inspiré le nouveau logo de Superman pour le nouveau film Superman qui sortira bientôt. Comment se sent-on lorsque cet emblème est présenté à son plus grand public et qu'il plaît au public ? Qu'est-ce qui se passe ici ? Mark Waid : Je pense que le point culminant aurait toujours été Brandon Routh jouant le Superman de Kingdom Come dans cette crise, mais c'est encore mieux et je fais confiance à James Gunn à 110%.
On l'avait retrouvé sur le costume de Brandon Routh incarnant Superman dans le crossover Crisis on Infinite Earths (2019-2020) de la CW. L'emblème avait d'ailleurs les mêmes couleurs.
Au final, le réalisateur n'a a priori pas adapté directement le récit, mais a tout de même fondé son design du S sur celui de Ross avec davantage de lumière (rouge et or), car l'arc est extrêmement fort avec le noir relatif à la mort de Lois. Ceci étant dit, on ne peut qu'arriver à une observation simple : le style du S de Kingdom Come ne laisse pas indifférent, car l'œuvre reste dans les mémoires.
Voici la vidéo pour les courageux (n'hésitez pas à activer les sous-titres) :
NB (plaisanterie) : Mark Waid fera la remarque suivante et je crois que ce petit rappel est bien utile :) .
La seule contrainte que nous devions prendre et que nous ne voulions pas prendre était l'insistance absolue de DC pour que, lorsque Superman est montré à l'époque de Magog, il porte une coupe mulet parce qu'il portait une coupe mulet dans les bandes dessinées de l'époque, et nous savions tous que c'était une très mauvaise idée.
Enfin, terminons par la bande-annonce officielle diffusée le 28/07/2024 disponible sur la chaine YouTube d'Alex Ross ou encore via le Kickstarter :
L'œuvre est singulière et exceptionnelle. Elle tend à devenir juste légendaire...
JA
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